vendredi 24 février 2012

Interview d'Annelise Heurtier par Pascale Perrier


Interview de l'auteure Annelise Heurtier par Pascale Perrier

Bonjour Annelise,

1.      1/Annelise, tu as deux enfants en très bas âge, un travail (autre que l’écriture), et malgré tout, ta liste de publications est impressionnante ces dernières années. Quelle potion magique avales-tu pour être capable d’une telle productivité ?

Annelise Heurtier
Facile. Ici à Tahiti, on a un truc imparable pour allonger nos journées. Ce sont...les coqs. Ils sont partout ! Dans les rues, devant les écoles, même dans les hôtels huppés. Et très précisément réglés sur 3H15 du matin. Tu n'as pas le choix : soit tu te mentalises pour les oublier...Soit tu te lèves et là, un monde  de joyeusetés s'ouvre à toi : repassage, ménage, jardinage  tant qu'il ne fait pas 50 degrés ou pourquoi pas, écriture !
Plus sérieusement, j'imagine que je suis bien organisée...
(en même temps, il m'a fallu presque une semaine pour trouver le temps de m'attaquer à cette interview, donc je crains que ma réputation soit un peu usurpée).

 2/Pour toi, l’écriture, c’est : (cocher la ou les bonnes réponses – et on a même le droit d’expliquer pourquoi en dessous)
2.  
* rester pénard chez soi, se lever à point d'heure ou à se mettre à écrire au beau milieu de la nuit pour ne pas laisser passer un éclair de génie littéraire (lu sur ton blog)

ha ha ha ! Je vois que tu as bien préparé l'interview, Pascale !

 * Une nécessité impérieuse, un besoin vital même si elle occasionne douleur et souffrance (pas lu sur ton blog)

Pour moi, c'est certainement une nécessité, en effet. Et au fur et à mesure que le temps passe, elle devient de plus en plus présente - s'il on part du principe qu'il y a une gradation dans la nécessité-.
Disons que maintenant, je n'imagine plus ma vie sans. Ecrire, ça fait partie de moi !
Par contre, non, ce n'est pas du tout une souffrance, enfin, ce n'est pas une catharsis, si c'est le sens de ta question.

  * Une envie du moment, un bricolage qui passe le temps ; et on verra bien ce que la       vie te réserve pour la suite (encore pas lu sur ton blog)

Au début, ça l'était...plus maintenant ! Désormais, les seuls "bricolages" que je connais sont ceux que je réalise avec mes enfants ! Ou mes bidouilles écolo...Tu as déjà fabriqué du dentifrice ? C'est marrant.

         3/Tes livres s’adressent à des enfants d’âge très varié. Que préfères-tu écrire : des romans ado ou des petits textes pour les plus jeunes, et dans quel genre te sens-tu le plus à l’aise ?

Pour l'instant, ce qui est sûr, c'est que moins il y a de mots et moins je me sens à l'aise ! J'ai plus de mal à écrire des albums, je crois. Je me sens à l'étroit. Et quand je reçois des commandes pour des histoires, je commence toujours par négocier un peu de "rab" ("30 000 signes ? Oui mais avec une marge de 10%, hein ?" )
Jusqu'à présent j'écrivais assez naturellement pour des 8/10, mais j'ai découvert un autre style d'écriture avec mon "Carnet Rouge" et ça m'a vraiment, vraiment plu. D'ailleurs, c'est le livre que j'ai écrit le plus rapidement, alors qu'il est de loin le plus long !


4.   4/Tu vas prochainement publier un texte à sept voix, préfacé par Stéphane Hessel (rien que ça !). Peux-tu nous parler de cette expérience ?

C'est à Séverine Vidal et Sandrine Beau que revient la maternité du projet. Ces deux-là sont infatigables :-) Comme 4 autres auteurs (Anne Gaelle Balpe, Agnès Laroche, Clementine Beauvais et Fanny Robin), elles m'ont contactée pour me proposer ce projet. Ravie de cet honneur, j'ai accepté bien volontiers.
Cette aventure a été très sympathique sur de nombreux plans, même s'il est clair que ce n'est pas évident d'écrire à 7. Et puis je me suis fait 6 bonnes copines !
En tous cas, tout est bien qui finit bien, je dirais même extrêmement bien, grâce à notre illustre préfacier ! J'espère maintenant que les lecteurs suivront !

5.      5/Dans « Le carnet rouge », tu parles d’une adolescente en quête d’identité, d’origine népalaise, et qui va découvrir un secret familial. Le Népal, pour toi, correspond à quelque chose de particulier ?

Pas vraiment. J'ai eu l'idée du scénario...alors que je faisais une petite revue de presse sur google actualités ! Pas très poétique, tout ça....Du coup, j'en suis encore au stade de l'imaginaire. Moi aussi, comme ma narratrice, je rêve mon Népal, j'imagine les drapeaux qui claquent au vent, les cimes enneigées, l'air immobile dans les rues de Katmandou, les femmes accroupies qui trient des lentilles, les ascètes assis sur les ghat...J'espère pouvoir y aller un jour.

6.      6/Quels sont tes projets à venir ?

J'en ai plein ! Outre les idées de romans qui me trottent en tête, je vais m'atteler à un challenge un peu plus conséquent : développer les ateliers d'écriture ici, dans une culture qui n'est pas du tout celle de l'écrit. On m'a dit que le président local avait déclaré que les livres "ne servaient à rien". Je n'ai pas vérifié. J'ose espérer que ce n'est pas vrai.

      7/Tu habites à Tahiti. De métropole, on imagine les cocotiers et les plages merveilleuses. A vivre au quotidien, c’est sûrement différent ( !). Tahiti, nouvelle source d’inspiration ? 

Il y aurait beaucoup à dire, en effet ! De loin, on retient surtout le "bleu plein les yeux". De plus près, c'est moins paradisiaque qu'on l'imagine. En même temps c'est normal, on ne va pas faire passer les circuits touristiques au milieu des bidonvilles....
En même temps je perçois une joie de vivre, une gentillesse et une simplicité qu'on a perdue depuis longtemps en métropole. Il y a quelques temps, alors que je rentrais chez moi avec mon bébé dans l'écharpe de portage, il s'est mis à pleuvoir à verse (et quand je dis "à verse", je n'exagère pas, il faut le voir pour le croire). Bref, à peu près 30 secondes après le début de la douche, une voiture s'est arrêtée et sa conductrice m'a déposée chez moi. Elle m'a même proposé son paréo pour m'essuyer ! Quand je pense qu'à Lyon, pendant toute ma grossesse, personne ne m'a jamais cédé sa place dans le bus...
Bref, ici, la vie est douce comme du lait de coco...j'espère que ça va durer !

Merci Annelise !
Merci Pascale !

 
Bibliographie
On n'a rien vu venir, collectif, Alice Jeunesse, mars 2012
Mon livre pour épater les grands, collectif, Fleurus, mars 2012
 Bertille au chocolat, Alice Jeunesse, janvier 2012
La fille aux cheveux d'encre, éditions Casterman, janvier 2012
Le carnet rouge, éditions Casterman, septembre 2011
L'ennui a disparu, éditions Fleurus, mars 2011
Le grand concours des sorcières, éditions Rageot, septembre 2010
Le mystère des lettres de Noël, éditions Averbode, décembre 2009
Les étranges disparitions, Actes Sud Junior, octobre 2009
La tête dans les nuages, Milan Presse, juin 2009
Tu seras pirate, mon fils ! editions Rouge Safran, février 2009
Un sort renversant pour Mirabelle, éditions Averbode, sept 2008
Ma grand-mère a un amoureux, éditions Magnard, sept 2008
Moi, peur ? Jamais ! Milan presse, mai 2008
Un après-midi de chien, Milan presse, mai 2008
Sidonie Quenouille, éditions du Rouergue, avril 2007
L’opération Boite à Musique, éditions Averbode, sept 2006

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